Marwan, sa réponse

mercredi 30 janvier 2019, par par Marwan Moujaes

Bonsoir Madeline,
Nous sommes à Maastricht, aux Pays bas. À Lyon, aussi. Et à Paris, surtout. A Beyrouth même.
Il est certain que la tragédie monte lorsque l’épique s’affaiblit.
Il est clair aussi que le vers élégiaque est une amputation de la métrique de l’épopée.
Voir la tragédie, est donc avant tout une anticipation de la chute de l’héroïsme. Mais c’est aussi une anticipation retardée.
Pourquoi donc s’intéresser à une tragédie aujourd’hui ? C’est pour chanter l’échec de cette anticipation et toutes les anticipations qui viennent. Le sujet qui fredonne le chant du bouc, est donc un sujet politique inventant par la douleur une communauté des tristesses réunies et des anticipations ratées.

La douleur est le ciment de la politique. La politique est le désert de la tragédie.

L’émissaire est une bête lâchée dans ce désert. L’animal traverse seul les distances en attendant qu’Azazel vienne consommer son âme. Est-ce un sacrifice ? Surement ! Mais ce n’est pas un sacrifice sanglant avec des cris et des prières. C’est le sacrifice par la solitude. Par une errance sans fin dans les déserts du mythe et de l’espérance.
Voilà pourquoi le bouc émissaire est nécessairement contemporain ; marchant au plus profond de sa solitude politique et biologique. Quel Chœur osera chanter sa solitude ?
Quel chœur inquiètera Azazel ?