Traité de météorologie saugrenu. (Entre la fente et le fil)

mercredi 30 janvier 2019, par par Pascale Logié

Point de baleine sur la scène, si ce n’est un cercle lumineux projeté sur le mur du fond qui se dissout progressivement dans l’espace. Deux carrés blancs se déplacent côté cour poussés par une force mystérieuse. Support à la projection lumineuse du reflet de la flaque qui jonche le tapis de sol noir.
un / nu un amusant jeu de mapping anime les surfaces de ces intrigants carrés. Surgit brusquement de derrière un corps qui s’échoue « flasquement » sur le sol. Face à terre immobile dans un premier temps, il émerge progressivement telle une grenouille sortant de la boue. Déployant alternativement bras et jambes dans une pantomime grotesque coutumière, pour qui connaît le travail de Jonas Chéreau.

La vidéo d’une silhouette mouvante accompagne ce ballet burlesque semblable au test de Rorschach comme projection des moments de pleine conscience des mouvements effectués. Au croisement d’une grande technicité chorégraphique et de l’inexactitude scientifique de la météorologie, Jonas Chéreau se joue brillamment de l’idiotie par sa singularité. Alors qu’il s’étonne des gouttes d’eau tombant sur le sol, nous nous réjouissons de la petite danse du dehors et du dedans. Cette fausse simplicité prend le parti de la réinvention dans une suite de considérations météorologiques aux accents populaires. Un jeu de devinettes mimiques s’agence avec le public de manière induite. Le chant Ho hisse et haut comme approximative étude des effets de la pression atmosphérique ponctue de manière jubilatoire ce dernier opus. Jonas Chéreau a une fois de plus réussi le pari de l’inédit comme signature.