Geoffrey

lundi 28 janvier 2019, par par Madeline Wood

Coucou ma loute, comment tu vas ? Où es tu, ici ou là-bas ?

Je bosse au Vivat la danse ! et j’ai vu un spectacle vendredi qui m’a fait penser à toi et Aksalab. Ça s’appelait « Incenses » de Anne Collod. Elle travaille notamment avec Shantala Shivalingappa (tu la connais peut-être ? experte en Kuchipudi et Baratha Natyam) dans sa pièce pour interroger l’œuvre de Ruth Saint-Denis et Ted Shawn. Perso, je ne les connaissais pas alors qu’ils sont les précurseurs de la danse moderne aux U.S.A. (Abusey’ !). Alors – toute l’interrogation se trouve ici : Ruth S-D a basé tout son travail à partir de la découverte des danses indiennes à New York au début 20e et… elle dansait à l’époque des chorégraphies très inspirées de danses indiennes, où elle se fonçait la peau et qui apparemment étaient des « mauvaises caricatures » de ce qu’est le Baratha Natyam. – En même temps tu es bien placé pour savoir qu’il faut vraiment l’étudier loooongtemps pour être apte à le danser. – Et d’un autre côté, en fondant son école avec Ted Shawn, Ruth Saint-Denis a formé toute une génération de chorégraphes américains à la danse moderne, en leur enseignant donc des bases de danses indiennes, et a participé à l’émancipation des femmes chorégraphes et danseuses (qui ne sont alors plus que des « « danseuses de cabaret dépravées » »).

Brrrrref. Plusieurs questions se sont posées pendant le spectacle : Est-ce que la danse moderne américaine aurait-elle existée sans la danse indienne traditionnelle ? Est-ce que l’œuvre de Ruth Saint-Denis est une imposture ? Une appropriation culturelle ? Ou une ouverture sur le monde, sans frontières ? Une créatrice post-moderne …. Etc etc etc.

Du coup je me demandais si vous aviez déjà réfléchis à ces questions, toi, Ruchi et les autres membres d’Aksalab ? Est-ce que quelqu’un t’as déjà reproché de t’approprier une danse qui « n’est pas la tienne » ? Je ne m’étais jamais posé la question pour toi car tu l’as tellement étudié, et tu l’étudies, tu la vis tellement intensément, sérieusement… Souvent là-bas, avec ton maître, des fois ici pour nous montrer ce tu a appris. Je me demande est-ce qu’un indien qui n’étudie pas le Baratha Natyam est plus légitime de le danser qu’un français qui y consacre sa vie depuis des années ? La culture c’est inné ou ça s’apprend ? Peut-on devenir (d’)une autre culture. Aussi, est-ce qu’on peut réellement, dans n’importe quelles circonstances « respecter » l’authenticité d’une chorégraphie ? Sachant que c’est un humain qui transmet à d’autres humains, chacun.e.s avec leurs corps, leurs sensibilités, parfois leurs époques différentes…

PS ; Ce message je le publie sur le blog vivat.carnetdebord.xyz, si tu veux que j’y publie ta/vos réponses, dis le moi.

Bisous
Mad